
Jour férié aujourd’hui, c’est comme tous les ans l’Australia Day le 26 Janvier. Le soleil tapant très fort dehors, je suis installé dans une des food courts du centre commercial de Chadstone où il fait bon frais.
Je ne sais plus très bien pourquoi, mais hier soir je songeais à la semaine passée à Sydney en Janvier 2020, pour raisons professionnelles. J’avais rejoint l’aéroport dimanche en fin de journée depuis Port Melbourne où j’avais passé l’après-midi avec ma famille. L’aéroport de Melbourne est ennuyeux, l’attente pour l’embarquement m’avait semblé durer une éternité.
Je n’étais pas heureux de partir, j’étais plutôt bien triste de laisser les enfants derrière. Je savais qu’ils allaient me manquer ; cela peut sembler bizarre aux jeunes papas qui liraient ce blog, tant il est vrai qu’on souhaite parfois des vacances. J’ai cependant constaté qu’il y a une nette différence quand on sait qu’on ne rentrera pas le soir.
Enfin, j’avais le blues.
Il faisait nuit quand je suis arrivé à Sydney. Je me souviens avoir été saisi par la chaleur et l’humidité, un truc infernal, quasi tropical. Taxi jusqu’à l’hôtel, l’Ibis du Darling Harbour, un truc assez moche, mais propret et très bien situé, à deux pas du client chez lequel je devais intervenir.
En dépit d’une fatigue certaine, et après une bonne douche, je décidais de partir à l’aventure à pieds. Objectif : voir Hyde Park et l’Opéra. Comme dit précédemment, il faisait chaud et humide, un temps à crever, et mon GPS s’est mis à ne plus marcher au milieu des immeubles tout en hauteur. Je me suis donc retrouvé un peu perdu, faisant de mon mieux afin de conserver mon cap.
J’ai bien fini par atteindre Hyde Park, mais l’ambiance louche qui y régnait le soir là m’a poussé à en sortir assez vite. De drôles de types arpentaient les pelouses, tantôt tournant en rond, tantôt suivant des passants au hasard. J’en ai presque regretté Marseille et sa foutue gare.
Je ne suis jamais arrivé à l’Opéra, mais à côté, au niveau de la Mrs Macquarie’s Chair, un recoin bien louche crûment éclairé et agrémenté de très grosses toiles d’araignée. Je vous le dis : ne marchez pas entre les arbres la nuit, vous allez embarquer un passager plein de pattes et avec beaucoup trop d’yeux.
Je suis retourné à l’hôtel en Uber après avoir pris quelques photos. Un premier contact avec Sydney en demi-teinte.
Tôt le lendemain matin, je me douche, enfile un pantalon, puis sors dans le matin moite prendre contact avec l’équipe de développeurs que je viens aider. Je sue, les bureaux sont propres, je sue encore, les toilettes ne sont pas climatisées, je persiste à suer, il y a heureusement un supermarché au premier sous-sol. L’endroit est tout neuf, sympathique, ça va bien.
Je fais très attention à la gestion du temps, je n’ai qu’une semaine pour compléter un ensemble de tâches assez ambitieux, je vais devoir utiliser mon savoir-faire d’ingénieur senior si je veux m’en sortir. Même pas peur, tout se passera bien, je finirai dans les temps (spoiler alert).
Je profite de mes soirées pour explorer Sydney et ses alentours : le Jardin Chinois, Maroubra Beach, Darling Harbour, le Chinatown ainsi que le Star Casino. Il fait systématiquement chaud et humide, lourd, il pleut même parfois, une pluie sale chargée des cendres des terribles incendies de la fin 2019. Je me mettais parfois à la terrasse du bar de l’hôtel avec une bière et un plateau de fromages, et je profitais de la très jolie vue sur le CBD, le centre-ville/quartier d’affaires de Sydney.
La visite du Chinatown local m’a tout particulièrement marqué, quelque chose dans l’agencement des lieux, compacts, colorés, un truc un peu indescriptible. Peut-être le syndrôme du quadra allemand en terrain bridé, bedaine, short et, fatalement, une gamine de 14 ans au bras. Je n’en étais pas là, mais la vibe tourisme sexuel était bien présente, d’autant plus qu’il y avait foison de salons de massages et de bordels un peu partout.
Ce simple fait associé à la poisseuse moiteur permanente de ce dédale aléatoirement climatisé m’a laissé une impression de lupanar Cyberpunk crado et dégénéré, une sorte de mise à jour de la Vienne des années 1920. J’étais vraiment très loin de chez moi. En vrai, je me sentais de retour à Singapour, dans une version sale quoique sans peine de mort de la cité-île.
Il est facile de sous-estimer à quel point il est difficile d’accomplir quoi que ce soit par temps humide quand on a grandi en Europe du Nord. Je vous le jure : ça vous coupe les pattes.
Tout ça est déjà loin, cela fait pile-poil deux ans aujourd’hui que je suis revenu à Melbourne, une ville plus petite, plus calme, plus provinciale et plus propre. J’ai encore bien des choses à raconter au sujet de mon passage par Sydney, beaucoup d’impressions, d’images, de moments en suspension dans ma mémoire. Le ferais-je jamais ? Ça reste à voir.




Si tu parles à ton eau de Javel pendant que tu fais la vaisselle, elle est moins concentrée.
Jean-claude Van Damme