Le féminisme

Le féminisme, un mouvement qui fait au choix se lever les poings ou soupirer selon que l’on est devant ou derrière les banderoles. Ridiculisé par certains, passionnément adopté par d’autres, le combat pour une meilleure intégration des femmes à la société ne fait pas l’unanimité. On lui reproche de pousser à la haine des hommes, d’être pleurnichard, de ne pas rechercher l’égalité, mais la domination ou encore de n’être qu’un trompe-l’oeil du Capital pour masquer le déclin du social au profit du sociétal. Pour être franc, il y a effectivement un peu de tout cela dans le féminisme actuel, mais le réduire à ces seuls éléments ne serait pas honnête.

Définitions

Féminisme

Mouvement revendicatif ayant pour objet la reconnaissance ou l’extension des droits de la femme dans la société. Son histoire est découpée en quatre vagues :

  • La première vague féministe va des années 1850 à 1945 et concerne les pays européens et les États-Unis,
  • La deuxième vague féministe se rapporte à une période de lutte qui commença à la fin des années 1960 aux États-Unis, puis s’étendit à travers le monde occidental,
  • La troisième vague féministe renvoie à un large ensemble de revendications politiques et de pratiques artistiques, mises en avant à partir des années 1980 — aux États-Unis d’abord — par des militantes féministes issues de groupes minoritaires et des minorités ethno-culturelles en particulier,
  • La quatrième vague féministe est une notion apparue à la fin des années 2000. Une nouvelle génération de féministes arrive reprenant les thèmes des vagues précédentes, mais en les inscrivant dans une utilisation importante des outils modernes et en premier lieu d’Internet.

Masculin

  • (Biologie) Qui est de sexe mâle, qui a rapport à ce sexe,
  • Qui possède les caractéristiques de ce sexe de manière développée.

Étymologie : Du latin masculinus (« masculin, mâle, du genre masculin »), de masculus (« mâle, masculin, digne d’un homme, viril ») lui-même de mas, maris (« enfant mâle, garçon » ; adjectivement : « mâle, viril, énergique »).

Mots-clef associés : Osiris, le soleil, le feu, mouvement, action, lingam, Siva, purusa, Zeus, Uranos, Yang, Mars.

Qualités positives associées : fort, rationnel, volontaire, courageux, déterminé, actif, légitime, sérieux, simple, manuel, sportif, drôle, franc, juste, charismatique, artiste, bricoleur, musclé, carré, direct, bon, protecteur.

Qualités négatives associées : violent, infidèle, obsédé (par le sexe), turbulent, dominateur, prédateur, sale, désordonné, stupide, bestial, dur, dominant.

Femme

  • Être humain de sexe féminin (par opposition à homme), femelle de l’Homo sapiens,
  • Personne adulte et nubile de sexe féminin (par opposition à fille, fillette et femme-enfant),
  • Conjointe ; épouse ; partenaire,
  • Personne qui possède les qualités supposées des femmes.

Féminin

  • Qui est propre et particulier à la femme,
  • Qui ressemble à la femme, ou qui tient de la femme.

Étymologie : Du latin femininus dérivé de femina (« femme »).

Mots-clef associés : Isis, la lune, l’eau, inertie, passivité, yoni, Sakti, prakti, Hera, Gaïa, Yin, Venus.

Qualités positives associées : fragile, douce, tendre, attentionnée, coquette, dévouée, naïve, pudique, attentive, discrète, aimante, sensible, jolie, belle, forte, attentive, maternelle, propre, rangée, patiente, compatissante, inspirante, rêveuse, soigneuse, fertile, stable, éducatrice, mystérieuse, protectrice, insaisissable, battante, brillante, élégante.

Qualités négatives associées : faible, curieuse, bavarde, jalouse, frivole, irrationnelle, hystérique, dépensière, peureuse, cancanière, facile, pleurnicharde, superficielle, volage, versatile, vénale, passive, étourdie, maladroite, douillette, émotionnelle, fatale, cucul, compliquée.

Homme

  • Être humain adulte de sexe masculin, par opposition à la femme et à l’enfant,
  • (Sociologie) Être humain mâle ou femelle ayant des valeurs sociales et morales.

Deux genres, des combinaisons infinies

« La classification des êtres vivants en « mâles » et « femelles » apparaît comme insuffisante à rendre compte de la réalité. […] La différenciation sexuelle n’est en effet jamais complète. Toutes les propriétés du sexe masculin se retrouvent chez le sexe féminin à un état de moindre développement, et vice versa. […] On définira donc un individu A ou un individu B non plus comme un « homme » ou une « femme », mais comme un composé de masculin et de féminin […]. Aucun être vivant ne peut être défini sans autre unisexuellement. La réalité offre plutôt l’exemple d’une oscillation entre deux points extrêmes, eux-mêmes parfaitement idéaux. »

Otto Weininger in Sexe et Caractère (1903)

L’ouvrage Sexe et Caractère rédigé en 1903 par le jeune Otto Weininger — 23 ans seulement — peut être considéré comme étant une des pierres fondatrices de la théorie du genre. Loin d’être binaire, notre identité sexuelle est déterminée par trois choses : sexe biologique, traits de caractère féminins et traits de caractère masculins. On peut ainsi avoir des femmes très masculines (les fameux « garçons manqués »), des hommes très féminins (les « tatas ») et, surtout, une infinité de combinaisons, de ratios féminin/masculin.

La plupart des gens adoptent les comportements, goûts et idées généralement associés à leur sexe biologique, mais ce n’est pas une règle absolue. Les transsexuels notamment sont la preuve qu’il est techniquement possible pour un individu de se présenter et de vivre d’une manière qui ne concorde pas avec son organe reproducteur. Si à l’heure actuelle il n’est pas possible de changer complètement de sexe physique (on a beau se faire greffer des seins et couper le moineau, chacune de nos cellules s’obstine à contenir un ADN mâle), il n’est pas impossible que la médecine trouve un jour un moyen d’altérer le code génétique d’un être humain au point de lui enlever (ou de lui ajouter) un chromosome Y.

« La première démarche des études sur le genre a été de faire éclater les visions essentialistes de la différence des sexes, qui consistent à attribuer des caractéristiques immuables aux femmes et aux hommes en fonction, le plus souvent, de leurs caractéristiques biologiques. La perspective anti-essentialiste est au coeur de la démarche de Simone de Beauvoir, quand elle écrit dans Le deuxième sexe, en 1949: « On ne naît pas femme: on le devient ». Il n’y a pas d’essence de la « féminité », ni d’ailleurs de la « masculinité », mais un apprentissage tout au long de la vie des comportements socialement attendus d’une femme et d’un homme. Autrement dit, les différences systématiques entre femmes et hommes ne sont pas le produit d’un déterminisme biologique, mais bien d’une construction sociale. »

Introduction aux études sur le genre, de Boeck 2012

Condition féminine : de la femelle à la femme

Nos origines : perdues

C’est toujours bon à rappeler : nous ne savons pas d’où nous venons. Pour un Occidental, il est possible de s’en remettre à la Bible, mais de là à considérer cet ouvrage comme 100% sûr, il y a une belle marge. Voyons tout-de-même comment aurait été créée la femme (il existe dans la Genèse deux passages évoquant sa création) :

« L’Eternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. L’Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l’homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant porte le nom que lui donnerait l’homme. Et l’homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour l’homme, il ne trouva point d’aide semblable à lui. Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes*, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. »

Genèse 2.18-2.22

* En fait de côte, il s’agirait en fait de feu l’os pénien, nommé baculum.

Une condition qui dépend…des conditions

Une musulmane, une hindoue, une juive, une occidentale, une péruvienne, une malgache, une chinoise de l’intérieur des terres ou une chinoise de Hong-Kong, en dépit du fait qu’elles soient du même sexe et de constitution semblable, voient leur condition varier considérablement. Niveau de vie, niveau de confort, niveau de sécurité, degré de liberté individuelle, nombreux sont les aspects de leurs vies où se manifestent des différences parfois très importantes.

Ces disparités trouvent leur source dans les régimes politique et économique de la société au sein duquel les femmes évoluent. Le mode de vie d’une musulmane ou d’une hindoue, toutes deux tenues à un certain degré de soumission à leurs époux, ne sera évidemment pas le même que celui d’une parisienne dont les libertés fondamentales, divorce compris, sont garanties par une République laïque.

Aucun doute possible : la condition de la femme est sous l’influence directe de l’état de développement et du niveau de prospérité de la société dans laquelle elle vit. À titre d’anecdote notons que, jusqu’aux années 60 en France, il était monnaie courante de voir des étudiantes recourir à la prostitution afin de financer leurs études. Ce sont la mise en place de mesures socialistes sous la forme de bourses et d’allocations diverses, et l’assouplissement du code du travail qui ont permis aux jeunes femmes d’échapper à ce sort.

Désir, passion et déraison

C’est une vérité qui fâche, mais on ne peut passer à côté du fait que, moins forte physiquement que l’homme, la femme est contrainte de se soumettre à la brutalité quand celle-ci est utilisée contre-elle. Les hommes, eux-même soumis aux effets de leur désir et de leurs hormones, ont depuis longtemps compris que le pouvoir est le meilleur moyen d’obtenir du sexe. Ainsi, les descendants d’Adam se lancent à corps perdu et selon leur goût dans une quête d’argent ou d’honneur, parfois les deux. Et quand demander poliment ne permet pas d’obtenir le Saint Graal, c’est la violence — ou au moins la tentation d’y céder — qui prend le relais.

Doit-on blâmer les hommes et punir leur désir ? C’est tentant : une amende, voire de la prison pour délit de cochonnerie, voilà qui devrait modérer les ardeurs. Cependant, étant moi-même un homme, je sais combien le désir masculin peut être puissant, écrasant, abrutissant. Tyrannique. Une fois pris dans les filets de la libido, il est difficile pour un homme de s’en extirper. Doit-on pour autant excuser les agresseurs, les harceleurs et autres violeurs ? Non, c’est hors de question.

Ce que je veux dire, c’est qu’hommes et femmes doivent faire preuve d’honnêteté et de bonne volonté s’ils veulent établir un dialogue. Ignorer l’impact du désir sur la vie des hommes ne vaut pas mieux que ricaner des misères des femmes. Pas de progrès durable sans respect mutuel.

Nomadisme précaire, besoin de protection

Dans les temps pré-bibliques, avant la sédentarisation imposée par la pratique de l’agriculture, le nomadisme était la règle. Des déplacements réguliers impliquaient une exposition accrue aux périls de la nature sauvage : prédateurs, terrain, météo, pénurie d’eau ou de nourriture, la vie au grand air n’était pas une partie de plaisir.

Au milieu de ce chaos, les femmes, chargées d’enfants, enceintes, moins aptes physiquement à lutter pour leur vie en cas d’attaque, étaient tributaires de la force des hommes, de leur aptitude à les protéger et à collecter les ressources indispensables à la survie du groupe.

Feu, foyer : sédentarisation et agriculture

Cela peut sembler paradoxal aujourd’hui, mais c’est autour du foyer, au sein des maisons conçues pour la sédentarité que s’est d’abord renforcée l’autonomie des femmes. Cet espace clos séparé du dehors, ces quelques mètres carrés de terrain privatisé leur ont permis de s’isoler physiquement du groupe (notamment des hommes) et de définir les codes d’usage dans ce lieu qui était essentiellement le leur. Le statut de maîtresse de maison, bien que plutôt boudé de nos jours, a autrefois constitué une évolution notable de la condition des femmes.

Industrie et usine : débuts de l’humain unisexe

Au cours de la deuxième moitié du 18ème siècle, un nombre croissant d’aristocrates et de bourgeois, encouragés en cela par les toutes récentes cartes de Cassini, se mettent à sillonner le Royaume de France et constatent qu’il dispose d’une force de travail à l’état végétatif. Ils décident d’investir et créent des ateliers et des usines au sein desquels la main d’oeuvre jusque-là dormante est employée. Ainsi se forment les villes, en périphérie de l’appareil de production, habitées d’un nouveau genre d’êtres humains : les prolétaires. Bien que dans la majeure partie des cas hommes et femmes ne travaillent pas ensemble (les postes occupés varient selon le sexe), ils partagent désormais le même statut de salariés.

Tertiarisation, société de services : recul du masculin, horizon féminin

À l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, sonnée par les 70 millions de morts résultant du conflit, la société Occidentale dans son ensemble est prise d’une envie de renouveau. Le monde tel qu’il a été jusqu’à présent ne correspond plus aux aspirations de populations traumatisées par la violence. Entre ceux ayant tout perdu dans les bombardements, les veuves, les orphelins et les chefs d’entreprise ruinés, un désir d’équité dicté par les circonstances se mue rapidement en une envie de socialisme et de progrès sur les questions sociétales.

L’exode rural voit des millions de personnes passer d’un mode de vie traditionnel campagnard axé autour de la ferme, de l’église et de la famille à un mode de vie urbain construit autour du shopping, du travail en bureau et des divertissements de masse. Hommes et femmes se retrouvent en concurrence pour les même postes et travaillent ensemble au quotidien. Si jusqu’aux années 60 les relations entre les deux sexes font perdurer ce qui se faisait autrefois, dès le début des années 70 les modes d’interaction utilisés jusque-là se trouvent remis en question : la femme est sortie du foyer et cherche désormais à se faire une place bien à elle dans les bureaux.

Femmes libérées en régime libéral

Comme le fait remarquer Jordan Peterson, on ne sait toujours pas si et selon quelles modalités hommes et femmes peuvent travailler ensemble. Cela fait à peine 40 ans que la société toute entière pratique cet exercice et le moins qu’on puisse dire, c’est que la situation est en train de se dégrader rapidement : accusations de sexisme, de viol, de harcèlement, les choses ne vont définitivement pas pour le mieux.

Le vent de tempête qui souffle à l’intérieur des tours de verre de tous les quartiers d’affaires du monde se fait également ressentir dans nos villes, jusque dans les couples : harcèlement de rue, viol conjugal, divorces pour cause d’insatisfaction, bataille pour la garde des enfants, il semble bien qu’Adam et Eve se soient résolus à se mener la vie dure.

Quand on relie les points entre eux, quand on lit entre les lignes, qu’on assemble les pièces du puzzle, on se rend compte qu’on n’est non pas confrontés à une quatrième vague de féminisme, mais bien plutôt à une remise en question totale de notre sexualité. Le bien fondé de l’existence de deux sexes n’est plus une évidence ou une fatalité avec laquelle on doit composer. Ce qui se joue de manière très confuse devant nos yeux, c’est la mise au ban du sexuel, ou du moins sa relégation en dehors de l’espace des choses sérieuses.

Concrètement, sur le court terme, il est tout-à-fait envisageable qu’on assiste à la séparation du sexuel et de la reproduction, l’un étant pratiqué pour ses vertus récréatives, l’autre ayant désormais lieu exclusivement en laboratoire, sans le moindre contact, sans le moindre ébat passionné. Il est aussi très possible, voire souhaitable, que les règles définissant les interactions entre les hommes et les femmes en milieu professionnel connaissent une évolution vers plus de modestie : interdiction du rouge à lèvres et des talons hauts, mise en place d’espaces non-mixtes notamment pour le repas de midi ; l’idée est de de-sexualiser autant que possible le lieu de travail.

Au fond, bien qu’elle soit une source de plaisir considérable, la sexualité pèse autant sur les hommes que sur les femmes. Quiconque est passé par la puberté sait à quel point cette période est déstabilisante : les filles voient leur pouvoir de séduction décupler, mais doivent apprendre à gérer les risques induits par ce changement et les garçons font connaissance avec à la fois les bienfaits (force) et les mauvais côtés de la testostérone (violence, obsession sexuelle).

Ce que je n’aime pas dans le féminisme actuel, c’est son côté geignard et anti-homme. Je trouve cela contre-productif et dommageable pour les femmes. Au lieu de barboter dans la division, nous pourrions nous en tenir à définir et à défendre un Humanisme adapté au monde tel qu’il est. Ne pas chercher à tirer la couverture à soi, dans un sens comme dans l’autre, mais reconnaître que nous sommes tous humains et que nous devons faire en sorte de construire une société où il fasse bon vivre pour tous sans distinction de sexe.