L’avortement

En voilà encore un beau sujet d’article pas susceptible de m’attirer d’ennuis du tout. J’ai décidé de produire une série de sept formats courts sur des sujets essentiels (mariage, immigration, liberté d’expression, peine de mort, Dieu, le féminisme…), il faut que je m’y tienne. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, n’est-ce pas… Comme c’est une maison sérieuse ici, n’espérez pas voir la moindre photo sanguinolente, j’ai horreur de ces cochonneries militantes.

Définition

Wikipedia à la rescousse : « L’avortement se définit comme l’interruption du processus de gestation, c’est-à-dire du développement qui commence à la conception par la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde formant ainsi un œuf, qui se poursuit par la croissance de l’embryon, puis du fœtus, et qui s’achève normalement à terme par la naissance d’un nouvel individu de l’espèce. Cette interruption peut être provoquée ou spontanée« .

Je sais pas vous, mais moi je la trouve un peu longue leur phrase. Je m’en tiendrais à définir l’avortement comme l’interruption spontanée (fausse couche) ou déclenchée (intervention humaine) du développement d’un fœtus. Voilà.

Trois types d’avortement

IMG

L’Interruption Médicale (ou Thérapeutique) de Grossesse est pratiquée en cas de malformations, de maladie grave ou si la vie de la mère est en danger. Parmi les causes les plus courantes on trouve les anomalies chromosomiques (3 paires au lieu de 2 (trisomie), 1 seule paire au lieu de 2 (monosomie), …), les anomalies de l’utérus (utérus cloisonné (séparé en 2), béances du col de l’utérus, hyploplasie de l’utérus (utérus trop petit)), les anomalies hormonales, le diabète et l’hypertension.

IVG

L’Interruption Volontaire de Grossesse est un avortement pratiqué sans raison médicale. Les causes sont variées : grossesse résultant d’un viol, problèmes d’argent, crise au sein du couple, grossesse adultérine, parents trop jeunes ou trop vieux, inceste…

Clandestin

On parle là d’un avortement réalisé en dehors du cadre fixé par la loi (délai, cause).

Limites légales

Aux termes de la loi du 17 janvier 1975, reconduite le 23 novembre 1979, toute femme résidant en France depuis six mois au moins peut, sur sa demande et en suivant une procédure précise, faire interrompre une grossesse dont la durée est inférieure à douze semaines (cette durée légale était de dix semaines avant 2001). L’interruption de grossesse doit faire l’objet d’une déclaration établie par le médecin et adressée par l’établissement où elle est pratiquée au médecin inspecteur régional de la santé. Le droit français instaure une clause de conscience pour permettre au personnel médical de se soustraire à la pratique de l’IVG.

Wikipedia propose un article très intéressant et bien renseigné sur le droit à l’avortement dans les différents pays du globe, je vous invite vivement à le consulter.

Les frais de soins et d’hospitalisation liés à une interruption volontaire de grossesse sont pris en charge par l’assurance maladie depuis 1983 ; la prise en charge a été portée à 100% en mars 2013. La prise en charge intégrale de tous les actes autour de l’IVG (consultations, analyses, échographies, etc.) est quant à elle effective depuis le 1er avril 2016.

Statistiques

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Il se pratique depuis 2006 autour de 200000 IVG par an, soit environ 1 avortement pour 3,5 naissances.

Il y a 14,4 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en France métropolitaine, contre 26,5 dans les DOM. En métropole, 26000 femmes de 15 à 19 ans ont réalisé un avortement en 2012 soit 14 pour 1000 contre 33 pour 1000 dans les DOM. Ces taux continuent à décroître chez les femmes de moins de 20 ans, atteignant en 2015, 7,6 recours pour 1000 femmes parmi les 15-17 ans et 19,5 parmi les 18-19 ans. Ce sont les femmes de 20 à 24 ans qui pratiquent le plus grand nombre d’IVG (27 pour 1000 femmes en métropole, 50 pour 1000 dans les DOM). Cela représente au total 597 IVG par jour en France (2013).

En métropole, 57% des IVG sont réalisées de façon médicamenteuse et 15% ont lieu hors établissements hospitaliers. 80% des IVG sont faites dans le secteur public, une proportion en hausse continue depuis les années 90 où le pourcentage n’était que de 65%.

A fin de comparaison, il est intéressant de préciser qu’on estimait à 500000 le nombre d’interruptions de grossesses au début du 20ème siècle.

Mon corps, mon choix ?

« Mon corps, mon choix », une petite phrase qui revient régulièrement au cours des débats sur le bien fondé de l’avortement. Cette réponse est bien entendu irrecevable, puisque le fœtus, s’il loge bel et bien à l’intérieur du corps de la mère, n’en fait pas partie. Depuis sa conception jusqu’à sa naissance, le bébé est un corps étranger qui se développe au sein de la mère car il est sensé y être en sécurité.

Je dois dire cependant que la petite phrase sus-citée pointe généralement le bout de son nez quand une des parties du débat sous-entend ou considère que l’IVG n’a d’autre cause que le désir égoïste de la maman. Or, comme on l’a vu, les raisons pour interrompre une grossesse sont multiples et je n’ai pas été en mesure de mettre la main sur un document qui détaillerait la proportion des IVG en fonction des causes.

En l’état, je ne peux que rappeler que, selon moi, l’interruption de grossesse ne doit être qu’un dernier recours, utilisé quand la contraception à échoué. Et c’est à mon avis là qu’on a un problème de comportement aussi bien des hommes que des femmes : il ne faut pas bien longtemps pour se rendre compte que le préservatif 1/ réduit les sensations, 2/ favorise les vaginoses bactériennes (sauf si capote sans latex). Les hommes préfèrent donc monter à l’assaut sans protection et les femmes rechignent à protester, car elles savent qu’en terme de fidélisation, de plaisir, rien ne vaut un contact direct peau-à-peau.

Tous coupables donc, de ne pas recourir suffisamment à la contraception, pour des raisons de plaisir. Les chiffres de l’avortement ne sont qu’une conséquence de notre inconséquence, alors pas la peine de hurler à la lune, sortez couverts.

Moralement, c’est comment ?

Si les IMG sont toutes parfaitement moralement acceptables, idéalement, nous ne devrions avoir recours à l’IVG qu’en cas de vrai besoin (viol et inceste). Toutes les autres circonstances relèvent de divers degrés de bêtise et pourraient être évitées. Quoiqu’on dise, interrompre une vie, même petite et insignifiante, n’est pas un acte anodin. On ne peut prétendre constituer une société civilisée et envoyer à la poubelle les enfants dont on ne veut pas.

Bien entendu, les arguments d’ordre moral n’ont pas le vent en poupe en régime libéral-libertaire. On a vite fait de passer pour un réactionnaire quand on entrave l’expansion du Marché, quand on bloque la satisfaction d’un désir. Et bon sang, que le désir de sexe sans conséquence est fort !

Mais loin d’être opposé à l’avortement, c’est contre l’inconséquence que je proteste : mettez des capotes, prenez la pilule, soyez responsables.