Rassurez-vous, pas de top 10 des trucs à (ne pas) faire ou de long discours malaisant sur la nécessité d’ouvrir ses chakras à la lumière cosmique du Grand Piou. Rien de que du concret et, surtout, du testé sur moi-même. Et puis si le sujet sent le piège à clic ou le new age daubé, il faut reconnaître qu’on a tous eu envie au moins une fois de faire du ménage : emploi qui pue, relation amoureuse en fin de course, kilos à perdre, vie de merde… Les raisons sont multiples, et peu importe qu’elles soient bonnes ou mauvaises, il faut que ça change.
« Changer souvent c’est se critiquer soi-même. »
Antoine Claude Gabriel Jobert in Le trésor de pensées (1852)
Deux modes
- Mode expansif : Ou maximiser le potentiel de l’existant. Changer en faisant les choses plus à fond, en faisant plus intensément les choses qu’on fait déjà, en renforçant notre routine. Exemple : Se donner un maximum au taf afin de monter dans la hiérarchie.
- Mode disruptif : Changer en introduisant progressivement des changements à notre quotidien. Casser la routine pour casser l’ennui. Exemple : Se mettre à lire des livres durant les trajets au lieu d’écouter de la musique.
Mode expansif
« Les choses changent moins que notre manière de les voir. »
John Petit-Senn in Bluettes et boutades (1846)
C’est le mode qu’on choisit quand on aime son quotidien et qu’on veut progresser tout en gardant l’existant, en restant dans notre zone de confort. On n’introduit pas de nouveauté majeure, mais on se retrousse les manches pour s’améliorer au travers du travail. On consolide les acquis, on bosse un peu plus, on comble nos lacunes dans un domaine d’expertise, on va à la salle de sport cinq jours par semaine au lieu de trois, ainsi de suite.
Quelques exemples supplémentaires :
- Un élève soucieux de présenter un meilleur carnet de notes à ses parents décide de faire les devoirs facultatifs proposés par ses professeurs,
- Un débutant en Allemand redouble d’efforts pour réussir à parler cette langue couramment,
- Un amateur de philosophie entreprend de lire l’ensemble des livres écrits par Michel Onfray.
Mode disruptif
« Si vous voulez que les choses soient différentes, la solution est peut-être de devenir différent vous-même. »
Norman Vincent Peale
C’est le mode qu’on choisit quand on n’en peut plus de son quotidien et qu’on cherche à progresser en explorant des activités hors de notre zone de confort. Ce mode requiert un certain degré de vigilance, car il est très facile de s’endormir après un premier succès, tout particulièrement si la disruption choisie est un événement unique. Par exemple, alors qu’on écoute généralement du death metal, on va à un concert de jazz histoire de changer. On est content de soi, on se trouve apaisé pour quelques jours, puis on s’arrête là sans s’en apercevoir.
C’est le danger avec ce mode, caler en cours de route. Pour cette raison, je préconise d’introduire de petites modifications à la routine quotidienne, des choses qu’on va faire et refaire :
- Rendez-vous au bureau via un itinéraire alternatif,
- Utilisez les escaliers au lieu des escalators,
- Mangez une pomme avant chaque repas,
- Bref, introduisez des micro-variations dans votre train train de gros chat.
Vous constaterez qu’un changement en appelle d’autres : vous remarquerez une boutique que vous n’aviez jamais vue, vous croiserez d’autres personnes, vous aurez de nouvelles idées… Souvenez-vous que le diable est dans les détails, ne sous-estimez pas le pouvoir de ces petits aménagements, ce sont des succès faciles qui vous donneront du courage pour aller plus loin.
Faire du changement une routine
« Le souvenir est tel un grain semé dans le subconscient, il viendra à germer à tout moment de la vie. »
Khadidja Sohbi
Le jour, les activités diurnes, sont le domaine du conscient. La nuit, les activités nocturnes que sont les rêves, sont le domaine du subconscient. Conscient et subconscient s’influencent l’un et l’autre : le conscient apporte des éléments nouveaux en provenance du monde extérieur, tandis que le subconscient oriente le conscient dans ses choix à l’aide de ce qui se trouve dans notre monde intérieur.
Un de vos buts si vous voulez changer est de programmer votre subconscient afin qu’en retour il motive et encourage votre conscience. Pour ce faire, deux bonnes pratiques :
- Structuration : Fixez-vous des objectifs journaliers et mensuels. Chaque matin en allant au bureau, faites un petit briefing en solo et décidez de ce que vous souhaitez accomplir durant la journée,
- Ritualisation : Développez une routine que vous vous sentez en mesure de tenir sur la durée.
Cas pratique : moi
« On peut comparer un effort de changement de vie à une séance d’escalade : une fois assuré dans notre nouvelle position, on cherche une prise qui nous fera progresser vers le sommet. »
Saddam Hussein
J’ai un défaut : je régule mon niveau de stress grâce à la bouffe. Non, en fait, j’ai deux défauts, puisqu’en plus de ça, j’adore manger. Du coup, j’ai dû faire face à des problèmes de poids durant des années. C’est même encore le cas aujourd’hui, ça craint, c’est la zone.
J’ai réussi à retrouver un poids idéal à deux reprises : aux alentours de mes seize ans et à vingt-sept ans. Laissez-moi vous dire que c’est un tour de force à chaque fois. Et je suis bon pour recommencer.
Ma technique est la suivante :
- Identifier la routine du moment,
- Estimer ma marge de manoeuvre, voir les variations possibles à peu de frais,
- Introduire les changements un-à-un, voir ce que ça donne,
- Bien se tenir pendant trois semaines,
- Replonger comme une grosse baleine,
- Comprendre où ça a mal tourné,
- Ré-introduire des changements,
- Maudire la vie,
- Tenir bon : ça y est, ça accroche !
- Au fur et à mesure que les semaines passent, se voir aller dans la bonne direction,
- Enfin, être beau.
Les changements que j’introduis dans mon quotidien ne sont jamais importants, ce ne sont très souvent que des détails : manger un fruit pour le petit déjeuner, préférer les escaliers aux ascenseurs, supprimer le café, le lait, ne plus consommer de sucre après dix-sept heures, faire la sieste à la pause de midi au lieu de regarder un film, etc
Le plus dur en ce qui me concerne est de gérer mon niveau de stress sans rien avaler. Mon niveau de stress ces dernières années a battu des records, ça n’a pas aidé au maintient de ma ligne.
« Un homme stressé est un homme déjà mort. »
Proverbe marocain
Les vertus du changement
On ne change pas vraiment sans opérer une remise en question de soi et de son mode de vie. C’est pour cette raison que les orgueilleux et les narcissiques ont du mal à progresser, cela implique d’admettre qu’on n’est pas aussi bien qu’on se plaît à le croire.
Parfois un travail de réflexion mené sur soi déborde sur notre entourage. On se met à questionner nos choix de fréquentations, on voit d’un oeil nouveau les membres de notre famille. Ce questionnement sur notre identité et celle de nos proches nous contraint à procéder à une auto-critique.
Comme il s’agit la plupart du temps d’un exercice pénible, on se trouve motivé pour progresser afin d’en finir avec la honte qu’on peut éprouver face à nos insuffisances.
Et nous voilà finalement pris dans un cercle vertueux. Vive le changement !