L’actualité politique de ces dernières années a été riche en débats très animés un peu partout sur Internet. Je n’ai bien évidemment pas manqué de prendre part à certains d’entre-eux et ça a été l’occasion pour moi de constater qu’un petit point de détail de rien du tout est souvent oublié : le coût des choses. C’est bien joli de vouloir des autoroutes éclairées la nuit, un RSA plus élevé et une journée portes ouvertes permanente pour les migrants, mais il faut prendre le temps de déterminer comment payer pour tout ça. En l’occurrence, vu que les impôts ne suffisent pas à financer le fonctionnement de notre République, on fait de la dette. Et ça, c’est mal.
La légende de la loi numéro 73-7 du 3 janvier 1973
« La réforme qui vous est proposée aujourd’hui ne vise pas et ne prétend pas
bouleverser le fonctionnement de la Banque de France. »
Valéry Giscard d’Estaing, Ministre de l’économie et des finances, décembre 1972
Élaborée à l’initiative du gouverneur de la Banque de France, Olivier Wormser, et du ministre de l’Économie et des Finances, Valéry Giscard d’Estaing, la loi n° 73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France vise à moderniser l’institution, qui a très peu changé depuis les années 30.
Cette loi est accusée à tort d’être à l’origine de la fin des emprunts gratuits accordés par la Banque de France à l’État, alors qu’en vérité c’est le Traité de Maastricht qui pose cette interdiction dans son article 104, paragraphe 1 en 1993 :
Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées “banques centrales nationales”, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.
La loi du 3 janvier 73 n’interdit pas l’emprunt auprès de la Banque de France, mais en encadre juste plus sérieusement le recours tout en tâchant de favoriser le développement d’un marché obligataire tirant son intérêt économique de la mise en concurrence. Mieux, cette loi, adoptée quelques mois avant le premier choc pétrolier, a évité une envolée de l’inflation en en compensant les effets.
2200 milliards d’Euros de dette
Ouaip. Ce chiffre représente 97% du PIB.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, toute dette n’est pas mauvaise ; on peut même parler de « bonne dette » quand l’argent emprunté sert à financer quelque chose qui produira du revenu. Malheureusement, ces 25 dernières années, la plupart du temps (19 années sur 25), le déficit public n’a pas servi à financer de nouveaux éléments d’actifs mais d’autres dépenses : le renouvellement des équipements existants et les dépenses de fonctionnement courant.
La Cour des Comptes estime que la dette publique représentera plus de 110% du PIB en 2020, ce qui est inquiétant pour notre avenir. En avril 1987, Jacques de Larosière, alors gouverneur de la Banque de France, déclarait :
« On ne soulignerait jamais assez combien les déficits publics opèrent une ponction sur les ressources de la nation, diminuent l’épargne disponible pour l’investissement productif et accroissent l’endettement et ses charges. »
Vers moins de dette ?
Il n’y a pas 36 façons de réduire une dette :
- Dépenser moins,
- Investir dans des initiatives ou des équipements générateurs de revenus.
Pour avoir vu de l’intérieur comment est dépensé l’argent de nos impôts, je peux affirmer qu’il y a moyen de faire mieux. Si le citoyen de base venait à être mis au courant de l’ampleur du gaspillage dans ce domaine, il n’est pas impossible qu’un mouvement de protestation à l’échelle nationale s’organise.
Un premier pas serait de rendre publiquement visibles les budgets des organismes gouvernementaux via Internet. Il existe plein de logiciels en mesure de collecter et de présenter joliment des données chiffrées.
Il serait également bon d’aider la population à comprendre la marche de l’économie via les chaînes du services public. Le sujet n’est pas sexy, mais je suis convaincu que bien présenté, c’est faisable.
Enfin, chacun d’entre-nous devrait faire un effort pour donner la priorité à l’aspect financier des choix politiques sur lesquels nous avons à nous prononcer via le vote.
Pour conclure je dirais qu’il est facile, quand on a passé sa vie dans un pays riche, de négliger l’aspect financier des choses et de se laisser porter par ses idéaux. Le danger de ça, c’est que si on n’y prends garde, on s’endette et on finit par perdre sa liberté.